Les masques anti-pollution sont-ils efficaces ?

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Les masques anti-pollution sont-ils efficaces ?

Publié le 26 février 2024 - Mis à jour le

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Le Covid-19 nous a fait découvrir l’univers des masques, avec parfois des dénominations techniques un peu obscures ou une multitude d’informations sur l’efficacité des différents modèles ou sur l’entretien de ceux-ci. Si porter un masque ne faisait pas jusqu’à présent partie de nos habitudes, certains français avaient déjà adopté le masque pour éviter la pollution atmosphérique. En effet il est de plus en plus courant de voir des cyclistes ou des piétons en arborer dans les grandes villes, en particulier lors des pics de pollution. Cependant on peut aussi s’interroger sur l’efficacité de ces masques anti-pollution ? de quoi protègent ils exactement ? et quelles sont les autres alternatives pour amoindrir son exposition à la pollution ?  

De quoi parle-t-on exactement quand on évoque la pollution atmosphérique ?

Chaque jour, un adulte inhale environ 15 mètres cube d’air en fonction de sa morphologie et de ses activités. Outre l’oxygène et l’azote, qui représentent environ 99 % de sa composition, l’air peut également contenir des "substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine et à nuire aux écosystèmes. 

L'air est plus ou moins contaminé par des centaines de polluants gazeux, liquides ou solides d'origine naturelle (émissions par la végétation, les océans, les volcans...) et principalement produits par les activités humaines (chauffage aux bois, transport, activités industrielles...). 
Parmi tous ces nombreux polluants, il faut savoir que les masques ne protègent pas de tous les polluants, notamment les substances gazeuses comme les oxydes d’azote.  
Les particules, qui sont des polluants réglementés, sont aussi difficiles à stopper à cause de leurs toutes petites tailles. Elles proviennent en majorité de la combustion à des fins énergétiques de différents matériaux (bois, charbon, pétrole), du transport routier (imbrûlés à l’échappement, usure des pièces mécaniques par frottement, des pneumatiques…) et d’activités industrielles très diverses (sidérurgie, incinération, chaufferie…).  

Les masques anti-pollution sont ils vraiment efficaces pour se protéger ?

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Que filtrent les différents masques ?
Quelques exemples de masques de protection
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  • Un simple foulard, arrêtera les plus grosses poussières et grains de pollen, en somme il jouera plus ou moins le même rôle que les poils de votre nez.
  • Le masque chirurgien tout comme le foulard filtrera les plus grosses particules, mais pas les polluants, son rôle se résume "à réduire l'émission de gouttelettes vers les personnes qui vous entourent et non de vous protéger de l'extérieur".
  • Pour les masques dits "FFP" (FFP1, FFP2 et FFP3) "filtering facepiece particles» couvrent le nez, la bouche et le menton, et répondent aux exigences de la norme EN149, la norme la plus connue pour les masques antipoussières jetables.

- les filtres FFP1 arrêtent au moins 80% des aérosols
- les filtres FFP2 arrêtent au moins 94% des aérosols
- les filtres FFP3 arrêtent au moins 99% des aérosols

Ces masques sont recommandés pour les professionnels mais pas pour les cyclistes, scooteristes, runner ou toutes personnes amenées à se déplacer et à ventiler.

Toutefois l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a évalué le bénéfice sanitaire potentiel lors d’une étude entre 2015 et 2018 sur les 215 références de masque dit « antipollution ». L’expertise a pointé l’insuffisance de données disponibles attestant d’un bénéfice pour la santé.

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ll a mesuré l’efficacité de ces masques en laboratoire, à travers notamment deux paramètres, la qualité de la filtration et l’étanchéité du dispositif sur le visage, ainsi que leur efficacité en conditions réelles. L’efficacité d’un masque dépend de sa conception, des performances du filtre dont il est équipé, et d’autres paramètres tels que son adaptation à la morphologie de l’utilisateur. Ainsi, si l’efficacité d’un masque testé en laboratoire peut s’avérer élevée, elle ne reflète pas pour autant l’efficacité en conditions réelles d’utilisation par la population en général. En effet, l’efficacité diminue du fait d’un mauvais ajustement au visage, du manque d’entretien du masque, de l’absence d’information et de formation de l’utilisateur, d’une activité physique intense, etc. 

Par ailleurs, comme on le mentionnait la plupart des masques dits « antipollution » recensés sur le marché français sont conçus pour protéger des particules présentes dans l’air ambiant et ne protègent pas contre les substances présentes à l’état gazeux (en l’occurrence le dioxyde d’azote, polluant majoritairement émis par le trafic routier dont les concentrations en ville sont élevées).

L’expertise de l’ANSES conclut à l’insuffisance de données disponibles, notamment en conditions réelles d'utilisation, pour attester d’un bénéfice sanitaire lié au port de masques dits « antipollution » par le grand public. De plus on pourrait aussi avoir un effet contraire car la personne qui l’utilise pourrait s’estimer mieux protéger et donc s’exposer davantage au trafic automobile par exemple.
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Pics de pollution versus pollution de fond : quels impacts ?
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Les effets de la pollution sur la santé sont classés en deux groupes :

- Les effets à court terme c’est-à-dire après une exposition de courte durée. Les épisodes de pollution, par exemple, se traduisent par une hausse importante des concentrations par rapport aux niveaux de fond, de manière temporaire.

- Les effets à long terme qui surviennent en raison d’une exposition chronique à la pollution de l’air c’est-à-dire après des expositions répétées ou continues tout au long de la vie. En termes d’impacts sanitaires, pour une même durée d’exposition, les pics de pollution présentent des impacts plus importants que les niveaux de fond. C’est pourquoi des mesures spécifiques sont prises en cas de concentration élevée en polluants. Par contre, du fait de la durée d’exposition, c’est bien la pollution chronique qui cause globalement le plus d’impacts sanitaires.

Comportement à adopter pour être moins exposé 

Alors que faire ? d’un point de vue général, améliorer la qualité de l’air bien sûr mais au quotidien comment limiter son exposition ? Pour limiter mon exposition individuelle et celle de mes proches, si la qualité de l'air est dégradée (moyenne ou médiocre), j'opte pour des comportements qui me mettent à l'abri. Inutile de faire son jogging aux heures de pointe ou encore de promener vos enfants en bas-âges le long d'axes routiers très passants, mieux vaut s'aérer dans un espace vert protégé.

Selon l’Observatoire Régional de Santé d’Ile de France, le choix de l’itinéraire lors d’un trajet à vélo permet de jouer sur deux aspects (temps de trajet et densité de trafic de l’axe parcouru) qui influencent fortement l’exposition à la pollution de l’air. Ainsi, des itinéraires fluides pour les cyclistes et à l’écart des grands axes de circulation peuvent diminuer le niveau d’exposition aux polluants. Dans une étude réalisée en 2015, l’observatoire régional de surveillance de la qualité de l’air en Occitanie a démontré que le choix d'emprunter un axe avec peu de trafic routier a permis de réduire l'exposition moyenne du cycliste ou du piéton d’environ 40 % pour le dioxyde d'azote(NO2) et de 50 % pour les particules PM10.

A noter aussi que contrairement à ce qu’on pourrait penser, selon les différentes études menées en France ou à l’étranger, les niveaux de polluants auxquels sont exposés les cyclistes sont près d’un tiers moins élevé que dans l’habitacle d’un véhicule, sur le même parcours (du fait du confinement de l’habitacle et du positionnement au cœur de la source notamment sur les autoroutes),. Les cyclistes sont plus libres de choisir leur place sur la chaussée et ils ont la possibilité d’emprunter certains aménagements tels que des pistes cyclables qui les éloignent légèrement du flux de circulation. Même si le cycliste inhale plus d’air du fait de son effort physique, les bénéfices du vélo sont largement positifs pour la santé. (Source : Ademe)

 

ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DE L'AIR DANS L'HABITACLE DE VOITURE EN NORD - PAS-DE-CALAIS - 2010-2011

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