Les Polluants Émergents : Un défi croissant pour la qualité de l'air

Dans la lutte pour la préservation de l'environnement et la santé publique, la qualité de l'air est un sujet d'une importance capitale. Cependant, même si l’attention se porte souvent sur les polluants atmosphériques bien connus comme les particules fines et les oxydes d'azote, de nouveaux défis apparaissent : les polluants émergents. Ces substances, souvent méconnues du grand public, représentent un défi croissant pour la qualité de l'air et nécessitent une attention accrue de la part des autorités et des chercheurs.

Qu’est-ce qu’on appelle les polluants émergents ?

Les polluants émergents sont des substances chimiques nouvellement identifiées ou dont la présence dans l'atmosphère est en augmentation, et pas systématiquement réglementés. Ils peuvent provenir de diverses sources telles que l'industrie, l'agriculture, les véhicules, les produits de consommation et même les processus naturels. Leur émergence est souvent liée à l'évolution des pratiques industrielles, des modes de consommation et des technologies, ce qui rend leur surveillance et leur réglementation complexes.

Quels sont les polluants les plus préoccupants ?

Parmi les polluants émergents les plus préoccupants on retrouve les produits chimiques poly et perfluorés (PFC dont les per et polyfluoroalkyles PFAS), les retardateurs de flamme bromés (RFB), les particules ultra-fines, les produits phytosanitaires, les produits pharmaceutiques et les hormones, et aussi les composés organiques volatils (COV). Ces substances peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine et l'environnement, même à des concentrations très faibles, et leurs effets à long terme suscitent de sérieuses préoccupations.

D’où viennent-ils et quels sont leurs impacts ?

Voici quelques exemples de polluants émergents :

Il est important de noter que cette liste n'est pas exhaustive et que de nouveaux polluants émergents peuvent être identifiés à mesure que la recherche progresse et que de nouvelles technologies sont développées pour surveiller la qualité de l'air.

De plus, bien que nous puissions identifier l'origine de certains polluants, il est crucial de reconnaître que ces substances peuvent être présentes dans divers environnements tels que l'eau, l'air ou les sols. Il n'est pas toujours possible d'associer un polluant à un milieu spécifique. Par exemple, les polluants présents dans l'eau peuvent être émis dans l'air par des processus tels que l'évaporation et l'aérosolisation. Les produits chimiques utilisés dans l'agriculture ou les industries peuvent se retrouver dans les cours d'eau et les océans, où ils peuvent s'évaporer et être transportés par les vents vers d'autres régions. C’est pourquoi une  approche intégrée est nécessaire pour améliorer notre compréhension des interactions entre les polluants et les environnements.

La lutte pour la qualité de l'air ne peut pas se limiter aux polluants traditionnels ; c’est pourquoi Atmo Hauts-de France développe une vigilance accrue à l'égard des polluants émergents, en menant notamment différentes mesures :

• Les pesticides depuis plus d’une dizaine d’années. De plus, il est souhaité de renforcer la mesures de pesticides et investiguer sur les PFAS.
• Les PM1 et les Particules Ultra Fines (PUF) : Ces particules de très petite taille en suspension dans l’air sont de plus en plus montrées du doigt pour leur implication dans les impacts sanitaires et environnementaux de la pollution atmosphérique. Atmo Hauts-de-France a déployé des appareils de mesures dédiés (FIDAS, mesure de PM10, PM2.5 et PM1) depuis 2 ans afin de construire un historique de mesures, anticiper de possibles évolutions réglementaires et pour notamment mettre ces données à disposition des spécialistes de la santé. La surveillance des PUF, effectuée depuis 5 ans à Atmo Hauts-de-France, sera également renforcée avec le déploiement de plusieurs analyseurs en 2024.
• Certains COV comme le toluène ou les xylènes sont également surveillés par Atmo alors qu’ils n’ont pas de valeurs limites. L’observatoire mesure aussi certaines émissions biogéniques. Ces substances sont libérées dans l'atmosphère par des processus tels que la photosynthèse, la respiration des plantes et des micro-organismes, la décomposition de la matière organique. Une fois dans l'air, ces émissions biogéniques peuvent réagir avec d'autres polluants atmosphériques pour former des aérosols.
• Les perturbateurs endocriniens, observés lors de campagnes de mesures ponctuelles depuis maintenant 10 ans à Atmo Hauts-de-France, comme les phtalates (composés abondamment utilisés dans la vie courante en raison de leur utilisation comme plastifiants), les alkylphénols (entrant dans la composition de détergents, de plastiques et de certaines résines) ; les hydrocarbures aromatiques polycycliques (majoritairement formés lors de processus de combustion) ; les muscs synthétiques (entrant dans la composition de produits cosmétiques).

En savoir plus sur l'étude en cours

Pour réduire l'exposition aux polluants émergents, plusieurs mesures sont mises en œuvre. Les réglementations environnementales sont renforcées, imposant des limites d'émission aux industries. D’ailleurs, les efforts des pouvoirs publics pour réduire la pollution de l'air constituent l'une des interventions médicales les plus efficaces des 20 à 30 dernières années.  (Santé publique France). En outre, on remarque que la qualité de l’air a tendance à s’améliorer sur les polluants réglementés depuis 10 ans (hormis l'ozone).

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Evolution des moyennes annuelles des concentrations de polluants mesurées en Hauts-de-France entre 2013 et 2022. (Données : Atmo Hauts-de-France)

La promotion des technologies propres dans les processus de fabrication contribue également à diminuer les émissions. Le développement des énergies renouvelables aide à réduire la dépendance aux combustibles fossiles. Sensibiliser le public sur les risques associés aux polluants émergents et promouvoir des pratiques durables va également dans ce sens. Enfin, une surveillance continue des niveaux de pollution et des recherches sur leurs effets sont également prioritaires.