Nouveaux seuils sanitaires de l’OMS : impacts en Hauts-de-France ?

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Publié le 6 octobre 2021

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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a présenté de nouvelles recommandations sanitaires concernant les principaux polluants de l’air, le mercredi 22 septembre. Par ces nouvelles valeurs, l’OMS met en lumière l’exposition de la population à la pollution, et alerte sur les mesures à mettre en place afin de réduire la pollution issue des activités humaines.

Quels changements ?

Ces nouvelles lignes directrices de l’OMS viennent remplacer celles présentées en 2005. Au-delà d’intégrer le monoxyde de carbone, les seuils de référence de la plupart des polluants ont été abaissés : le seuil de référence pour les particules PM2.5 passe par exemple de 10 µg/m3 en moyenne annuelle à 5 µg/m3. Le seuil annuel du dioxyde d’azote a été particulièrement revu à la baisse, passant de 40 µg/m3 d’exposition moyenne annuelle à 10 µg/m3.

En plus des 5 polluants inclus dans le calcul de l’indice Atmo, l’OMS fixe une valeur de référence au monoxyde de carbone afin que ce polluant soit pris en compte dans la préservation de la santé des populations.

Ces nouvelles valeurs sanitaires concernent donc :

  • Les particules PM2.5
  • Les particules PM10
  • Le dioxyde d’azote
  • Le dioxyde de soufre
  • L’ozone
  • Le monoxyde de carbone

Quelles différences avec les valeurs réglementaires ?

Les valeurs réglementaires françaises sont définies au niveau européen, puis déclinées par le droit français dans des décrets ou arrêtés. Elles imposent des limitations strictes aux différents acteurs (Etat, collectivités, acteurs économiques, citoyens).

En savoir plus sur les valeurs réglementaires

Les nouvelles valeurs directrices de l’OMS n’ont pas de caractère juridique, mais ont un objectif avéré de prise de conscience et de protection de la santé des populations face à la pollution atmosphérique.

La réduction de la pollution de l’air a un intérêt à la fois sanitaire, puisque plus de 40000 décès par an seraient liés à la pollution de l’air en France mais aussi écologique, dans la protection de la biodiversité.

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Tableau des nouveaux seuils sanitaires de l'OMS (2021)

Illustration en Hauts-de-France

Dioxyde d’azote

Le dioxyde d’azote est principalement issu des émissions liées au trafic routier ; l’exposition de la population à ce polluant est donc étroitement liée aux axes routiers. Pour ce polluant, le seuil d’exposition annuel préconisé par l’OMS passe de 40 µg/m3 à 10 µg/m3.

Avec le seuil de 2005, très peu d’habitants des Hauts-de-France étaient exposés à des niveaux supérieurs (taux d’exposition à peine supérieur à 0% en moyenne annuelle, sur la base des données de 2019), et ce, quel que soit le département. En appliquant les nouveaux seuils de l’OMS à ces données 2019, ce taux d’exposition augmente nettement et 95% de la population des Hauts-de-France seraient exposés à des seuils supérieurs.

Même si les concentrations de dioxyde d’azote ont tendance à diminuer depuis quelques années en région, les efforts restent encore importants afin d’atteindre les seuils recommandés par l’OMS.

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Nouveaux seuils sanitaires de l'OMS (2021) - Projection en Hauts-de-France - Dioxyde d'azote

Particules PM2.5

Pour les particules PM2.5 (inférieures à 2.5 micromètres), la révision des seuils est, certes, moins marquée que pour le dioxyde d’azote, mais son impact n’en est pas moins notable. Avec un seuil annuel passant de 10 µg/m3 à 5 µg/m3, la population des Hauts-de-France exposée à des seuils de particules fines, supérieurs aux recommandations de l’OMS, passe de 70% (seuils de 2005) à quasiment 100% avec la valeur révisée.  Une tendance observée dans les 5 départements, très accentuée dans l’Oise, où le taux d’exposition aux particules passe de 5.8% (seuils de 2005) à 100% avec le nouveau seuil.

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Nouveaux seuils sanitaires de l'OMS - Projection en Hauts-de-France - Particules PM2.5

Emissions ? Concentrations ? Exposition ? Comment s’y retrouver ?

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Schéma : des émissions aux concentrations de polluants dans l'atmosphère. (Source : Atmo Hauts-de-France)

Tout ce vocabulaire peut paraitre un peu compliqué ; il s’agit pourtant d’un circuit assez simple à expliquer :

Les émissions représentent les quantités de polluants rejetés dans l’air par les différents secteurs d’activités : industrie, transport, agriculture, résidentiel-tertiaire, …

Ces émissions sont dispersées dans l’atmosphère et mesurées en concentrations : c’est l’air que l’on respire, et à laquelle la population est exposée.

Quelques précisions méthodologiques : cette pollution, à laquelle nous sommes exposés, est mesurée et exprimée ensuite au regard de la population de la région (et, plus finement, des collectivités). Ceci permet d’obtenir un taux d’exposition, correspondant au % d’habitants exposés à ce niveau de concentration, tel que présenté dans les illustrations ci-dessus.