Pollution printanière : pourquoi notre air se dégrade-t-il au printemps ?

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Paysage campagne champs printemps
Paysage printanier à la campagne

Publié le 25 mars 2024 - Mis à jour le

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Le printemps est là ! La nature reprend vie, mais cette période de renouveau peut aussi rimer avec pollution, car des épisodes de pollution printanière viennent perturber notre environnement et notre santé. Mais qu’est-ce qui explique ces phénomènes ?

 

Qu’est-ce qui caractérisent ces épisodes printaniers ?

Qu’est-ce qui caractérise ces épisodes printaniers ?

Les épisodes de pollution « printaniers » résultent d'une combinaison spécifique de trois éléments : l’ammoniac, les oxydes d'azote et des conditions climatiques favorables.

Ces épisodes, principalement de nature particulaire, sont causés par plusieurs facteurs :

  • Pendant cette saison, les conditions météorologiques sont souvent stables, avec des nuits et matins froids suivis de journées plus chaudes, créant un environnement propice à l'accumulation des polluants (temps ensoleillé, atmosphère stable, vents faibles).
  • Les émissions de particules fines (PM10), liées à l’utilisation des chauffages domestiques (notamment le chauffage au bois), sont encore présentes.
  • Les activités agricoles génèrent également des émissions locales de particules fines PM10.
  • Enfin, des masses d'air chargées de particules peuvent se déplacer et intensifier ces épisodes de pollution, propulsant les polluants bien au-delà de leur source initiale
Infographie - Formation d'un épisode de pollution printanier aux particules (Atmo Hauts-de-France)

Les épisodes printaniers se distinguent des épisodes hivernaux par la présence importante de nitrate d’ammonium (NH4NO3). Ce dernier est formé à partir des émissions agricoles d’ammoniac (épandage d’engrais, fumier et lisier), qui réagissent avec les oxydes d’azote (NOx) émis majoritairement par le trafic routier et le nitrate d’ammonium.

L’ammoniac, dont la quantité produite en 2020 en Hauts-de-France s’élève à 38,7 kilotonnes, est émis à 96% par le secteur agricole dont 69% de ces émissions est lié à l’utilisation des engrais azotés sur les cultures.

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Graphique : Part des émissions d'ammoniac dans l'air des Hauts-de-France en 2020 (source : Atmo Hauts-de-France)

 

A quelle période se manifestent les épisodes printaniers ?

On enregistre des épisodes de pollution par les particules tout au long de l'année, la composition chimique des particules diffère en fonction des saisons.

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Répartition des pics de pollution en Hauts-de-France sur l'année 2022

 

En lien avec de nombreux épisodes de pollution sur les façades littorales des régions de Hauts-de-France et de Normandie, Atmo HdF et Atmo Normandie ont réalisé une étude de caractérisation des particules (printemps 2021) afin de mieux comprendre les dépassements des seuils

L’étude CaraLittoral vise à approfondir la compréhension de ces phénomènes, notamment entre 2018 et 2019. L'étude a permis d'identifier 5 sources principales de particules, incluant des émissions agricoles d’ammoniac et de trafic, ainsi que la combustion de biomasse. Pour atténuer l'impact de ces sources anthropiques, des mesures telles que l'adoption de bonnes pratiques agricoles, le renouvellement des systèmes de chauffage au bois et la réduction du trafic automobile sont suggérées. Les sels marins et aérosols biogéniques, d'origine naturelle, jouent également un rôle, bien que la part des sources anthropiques soit prédominante lors d’épisodes de pollution.

 

Cette étude souligne la complexité des épisodes printaniers et l'importance d’une approche multi-sectorielle pour en réduire l'apparition, combinant des efforts à long terme sur les pratiques agricoles et industrielles avec des actions ciblées sur le chauffage résidentiel et le trafic routier.

Quelles recommandations en cas d’épisodes printaniers ?

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Recommandations sanitaires

Populations vulnérables et sensibles :

  • Restreindre les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords, aux périodes de pointe
  • Restreindre les activités intenses (physiques, sportives dont les compétitions), aussi bien en plein air qu'à l'intérieur
  • Restreindre les sorties en après-midi

Si vous avez des symptômes ou des inquiétudes, il est important de consulter un professionnel de santé (pharmacien, médecin).

Recommandations comportementales

 

Recommandations à l'ensemble de la population

  • Ne pas utiliser les foyers ouverts d'appoint, les appareils de chauffage au bois d'appoint tels que les inserts, poêles, chaudières installées avant 2000 et les groupes électrogènes
  • Contrôler la température de son intérieur (chauffer sans excéder 19°C)
  • Pour les travaux d'entretien ou de nettoyage, éviter d'utiliser des outils non électriques (tondeuses, taille-haies...) ainsi que des solvants organiques (white-spirit, peinture, vernis décoratifs, produits de retouche automobile, etc.)
  • Opter pour des moyens de transport qui permettent de réduire un maximum les émissions de polluants : vélo, transports en commun, co-voiturage... Pour les entreprises, adapter les horaires de travail, faciliter le télétravail
  • Eviter de circuler avec un véhicule de norme inférieure ou égale à EURO3 et/ou dont la date d'immatriculation est antérieure au 1er janvier 2006 (hormis les véhicules d'intérêt général visés à l'article R 311-1 du code de la route)
  • Réduire sa vitesse de 20 km/h sur les routes où la vitesse maximale autorisée dépasse 90km/h

 

RAPPEL :  Il est interdit de brûler des déchets végétaux

 

Recommandations aux agriculteurs

  • Engager des actions de long terme à l'échelle nationale et européenne pour réduire les émissions d'ammoniac. Cela implique d'adopter des pratiques agricoles innovantes et durables afin de diminuer la formation de nitrate d'ammonium et la concentration de particules fines.
  • Mettre en place, de manière ponctuelle, des stratégies pour réduire les niveaux d'acide nitrique, en agissant sur les émissions d'oxydes d'azote et de composés organiques volatils. Cela nécessite une approche globale incluant la modification de certaines pratiques dans le secteur du trafic routier, tant pour les véhicules à essence que diesel.

 

Recommandations aux industriels

  • Prioriser la réduction des émissions atmosphériques, en adaptant l'activité et en reportant les opérations les plus polluantes.
  • Mettre en fonctionnement, lorsqu'ils existent, des systèmes de dépollution renforcés durant l'épisode de pollution,
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