Comprendre les cartes de l’Ineris : les HDF, plus pollués que les autres ?

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Pic de pollution - limitation de vitesse sur autoroute (Image : Vincent Lecigne - MEL)

Publié le 9 février 2023

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Suite au classement dans "Le Point" des villes où l'on respire le mieux, basé sur les cartes de l'Ineris (Institut National de l'Environnement et des Risques), il apparaît que les Hauts-de-France, et particulièrement la Métropole Européenne de Lille, ressortent comment faisant partie des territoires les plus pollués pour les particules fines (PM2.5).

Même si la qualité de l’air s’améliore globalement en France depuis 20 ans, les Hauts-de-France sont souvent sous le feu des projecteurs en matière de pollution de l’air. Collectivités, acteurs économiques et population sont toutefois déterminés et mettent en place des actions en faveur d’un air meilleur.  
Que montrent les cartes de l’Ineris ? Pourquoi notre région fait-elle figure de mauvaise élève en France ? Et quelles actions sont mises en place ?

Quelles données sont prises en compte ?

L'Ineris a publié une cartothèque reprenant les concentrations moyennes annuelles et valeurs réglementaires de 4 polluants principaux, d’ailleurs présents dans le calcul de l’indice Atmo :

  • dioxyde d’azote (NO2),
  • ozone (O3),
  • particules PM2.5 (de diamètre inférieur à 2.5 micromètres (µm)),
  • particules PM10 (de diamètre inférieur à 10 micromètres (µm)).

Ces cartes prennent en compte la pollution « de fond » (en dehors de sources de pollution localisées (trafic, industrie)), et sont élaborées grâce aux mesures réalisées par les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air françaises, couplées avec une modélisation spécifique (CHIMERE).

Zoom sur les particules PM2.5

D’après ces cartes et les données de l'Ineris, les particules PM2.5 attirent davantage l’attention. Ces particules sont en effet souvent citées, en raison de leurs effets avérés sur la santé. 

Pour rappel, d’après une étude de Santé Publique France de 2021, il est estimé que 40 000 décès par an en France sont attribuables à l’exposition aux particules PM2.5. Une autre étude de 2016 faisait état de plus de 6500 décès dus à la pollution de l’air en Hauts-de-France.

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Cartes de concentrations moyennes annuelles en particules PM2.5 entre 2009 et 2021 en Hauts-de-France (Source cartes : Ineris)

Globalement, on observe une diminution des concentrations moyennes de particules PM2.5 en 12 ans en France. En Hauts-de-France, celles-ci passent de 18.5µg/m3 (microgrammes par mètre cube) en 2009, à 10.2µg/m3 en moyenne sur l’année 2021. Même si la diminution est notable, la région reste celle avec les concentrations de particules PM2.5 moyennes annuelles les plus élevées. L’Ile-de-France et la Normandie, régions voisines, la suivent avec respectivement 9.3µg/m3 et 9.5µg/m3 en moyenne en 2021. 

Alors que l’écart de concentrations entre les 3 régions est faible, sur les cartes, les Hauts-de-France apparaissent en jaune, et ses voisines en vert : ceci s’explique par le changement de seuil à 10µg/m3, et le passage d’une gamme colorée verte à jaune. 

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Classement des concentrations moyennes en particules PM2.5 entre 2009 et 2021 par région (France métropolitaine). (Données : Ineris et Associations Agrées de Surveillance de la Qualité de l'Air)

Quelle situation dans les départements et communes ?

Un classement régional permet de classifier à grande échelle, mais qu’en est-il à l’échelle locale, au plus près de la population ? 

En affinant les échelles, Paris (75) était le département avec les concentrations moyennes en particules PM2.5 les plus élevées en 2021. La Somme (4ème), le Nord (6ème), le Pas-de-Calais (7ème), l’Oise (8ème) et l’Aisne (15ème) placent les Hauts-de-France dans le haut du tableau (sur 96 départements métropolitains).

La Métropole Européenne de Lille très représentée

En affinant encore davantage les observations, à l’échelle communale, les résultats sont plus significatifs pour le Nord, et notamment la Métropole Européenne de Lille. En effet, les 37 premières villes du classement (sur 35 287 communes métropolitaines) sont situées sur le département du Nord et principalement sur la Métropole Européenne de Lille ; Neuville-en-Ferrain (59) étant la commune française ayant eu les concentrations moyennes en particules PM2.5 les plus élevées en 2021, avec 12.6µg/m3, soit au-dessus des moyennes régionales et départementales (10.2 et 10.5µg/m3).

Pourquoi la MEL présente-t-elle des concentrations plus élevées ? 

Ces résultats pour la MEL peuvent s’expliquer par sa localisation géographique, au carrefour de l’Europe de l’ouest, et un tissu routier important. La forte densité de population (1754 hab/km² pour la MEL, contre 188 hab/km² pour la région et 105 hab/km² pour la France – Source INSEE population 2019) entraine aussi davantage d’activités et d’émissions de polluants. 

Particules primaires, particules secondaires et import

Il faut ainsi s’intéresser aux types de particules et leur provenance : les particules primaires sont émises directement dans l’atmosphère par une source, alors que les particules secondaires sont formées à partir d’autres polluants en raison de transformations chimiques.

Sur la MEL, les particules primaires PM2.5 sont principalement émises par le secteur résidentiel (52%), en lien avec le chauffage au bois, et par le secteur des transports routiers (26%) (combustion de carburant, abrasion des freins, des pneumatiques et du revêtement routier ainsi que la remise en suspension liée au passage des véhicules). Le secteur industriel arrive à la 3ème place avec une part de 14% en lien avec la combustion. 

Les particules secondaires se forment, majoritairement, à partir des oxydes d’azote (émis par le trafic routier en grande partie) et l’ammoniac, émis principalement par le secteur agricole. Ces particules secondaires sont présentes en quantité plus importante au printemps, provoquant régulièrement des épisodes de pollution.

Les particules primaires et secondaires peuvent également provenir d’autres régions et pays, via les masses d’air chargées en particules.

Ifnographie : Origine des particules primaires et secondaires
Origine des particules (illustration : Atmo Hauts-de-France)

    Chiffres clés

    Chiffres
    6500
    Texte
    décès sont dus à la pollution de l'air en Hauts-de-France (estimation Santé Publique France - 2016)
    37
    Texte
    communes les plus polluées de France métropolitaine sont situées dans la Métropole Européenne de Lille
    Préfixe
    -
    14
    Suffixe
    %
    Texte
    d'émissions de particules PM2.5 sur la MEL entre 2008 et 2018
    1600
    Suffixe
    Texte
    d'aide de la MEL pour l’acquisition d’appareils de chauffage performants

    Des efforts et des actions mises en place

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    D'après l’inventaire des émissions d’Atmo Hauts-de-France, entre 2008 et 2018, les émissions de particules PM2.5 de la MEL ont diminué de 14%. 

    Cette baisse est essentiellement réalisée sur les 3 principaux secteurs émetteurs : 

    • Résidentiel : baisse de 12%, en lien avec le renouvellement des appareils de chauffage (bois et charbon) ;
    • Transports routiers : baisse de 20%, en lien avec le renouvellement du parc routier. Il est à noter que le nombre total de véhicules est en augmentation sur le territoire. Cela a pour conséquence la hausse des émissions liées à l’abrasion et à la remise en suspension.
    • Industriel : baisse de 15%, en lien avec le basculement vers des énergies moins émettrices de particules PM2.5.

    Surveillance d’Atmo Hauts-de-France

    Atmo Hauts-de-France dispose depuis plusieurs années d’un programme de caractérisation des particules, dont l’objectif est d’améliorer les connaissances sur la composition des particules, leurs sources d’émissions et leurs origines géographiques. Compte tenu de l’enjeu en région, Atmo Hauts-de-France fait évoluer sa stratégie de surveillance en renforçant la mesure des particules PM2.5.

    Dès 2023, les prélèvements quotidiens de particules PM2.5 seront effectués sur l’agglomération lilloise (site urbain de fond de Tourcoing). La mesure est renforcée avec différents types de métrologie permettant d’estimer les contributions des secteurs agricole, industrie, résidentiel (notamment le chauffage au bois) et le trafic routier.
    Ces mesures permettront de consolider les missions de mesures, d’information et de sensibilisation de l’association.

    Actions de la MEL 

    Côté collectivités, consciente des problématiques liées à la pollution de l’air, la MEL met en place différents plans d’actions, sur plusieurs niveaux. 

    • Résidentiel : mise en place d’un fond Air Bois, pour aider les particuliers à remplacer leurs systèmes de chauffage au bois 
    • Transports routiers : mise en place d’un péage positif, prévu à partir de 2023
    • Transports routiers : mise en place d’une ZFE (zone à faibles émissions) prochainement. 
    • Recherche : participation au « programme PM » d’Atmo Hauts-de-France : amélioration des connaissances sur les particules : sources de la pollution, impact sanitaire, etc. 

    Pour aller plus loin

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