Suite au classement dans "Le Point" des villes où l'on respire le mieux, basé sur les cartes de l'Ineris (Institut National de l'Environnement et des Risques), il apparaît que les Hauts-de-France, et particulièrement la Métropole Européenne de Lille, ressortent comment faisant partie des territoires les plus pollués pour les particules fines (PM2.5).
Même si la qualité de l’air s’améliore globalement en France depuis 20 ans, les Hauts-de-France sont souvent sous le feu des projecteurs en matière de pollution de l’air. Collectivités, acteurs économiques et population sont toutefois déterminés et mettent en place des actions en faveur d’un air meilleur.
Que montrent les cartes de l’Ineris ? Pourquoi notre région fait-elle figure de mauvaise élève en France ? Et quelles actions sont mises en place ?
Quelles données sont prises en compte ?
L'Ineris a publié une cartothèque reprenant les concentrations moyennes annuelles et valeurs réglementaires de 4 polluants principaux, d’ailleurs présents dans le calcul de l’indice Atmo :
- dioxyde d’azote (NO2),
- ozone (O3),
- particules PM2.5 (de diamètre inférieur à 2.5 micromètres (µm)),
- particules PM10 (de diamètre inférieur à 10 micromètres (µm)).
Ces cartes prennent en compte la pollution « de fond » (en dehors de sources de pollution localisées (trafic, industrie)), et sont élaborées grâce aux mesures réalisées par les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air françaises, couplées avec une modélisation spécifique (CHIMERE).
Zoom sur les particules PM2.5
D’après ces cartes et les données de l'Ineris, les particules PM2.5 attirent davantage l’attention. Ces particules sont en effet souvent citées, en raison de leurs effets avérés sur la santé.
Pour rappel, d’après une étude de Santé Publique France de 2021, il est estimé que 40 000 décès par an en France sont attribuables à l’exposition aux particules PM2.5. Une autre étude de 2016 faisait état de plus de 6500 décès dus à la pollution de l’air en Hauts-de-France.

Globalement, on observe une diminution des concentrations moyennes de particules PM2.5 en 12 ans en France. En Hauts-de-France, celles-ci passent de 18.5µg/m3 (microgrammes par mètre cube) en 2009, à 10.2µg/m3 en moyenne sur l’année 2021. Même si la diminution est notable, la région reste celle avec les concentrations de particules PM2.5 moyennes annuelles les plus élevées. L’Ile-de-France et la Normandie, régions voisines, la suivent avec respectivement 9.3µg/m3 et 9.5µg/m3 en moyenne en 2021.
Alors que l’écart de concentrations entre les 3 régions est faible, sur les cartes, les Hauts-de-France apparaissent en jaune, et ses voisines en vert : ceci s’explique par le changement de seuil à 10µg/m3, et le passage d’une gamme colorée verte à jaune.
Quelle situation dans les départements et communes ?
Un classement régional permet de classifier à grande échelle, mais qu’en est-il à l’échelle locale, au plus près de la population ?
En affinant les échelles, Paris (75) était le département avec les concentrations moyennes en particules PM2.5 les plus élevées en 2021. La Somme (4ème), le Nord (6ème), le Pas-de-Calais (7ème), l’Oise (8ème) et l’Aisne (15ème) placent les Hauts-de-France dans le haut du tableau (sur 96 départements métropolitains).
La Métropole Européenne de Lille très représentée
En affinant encore davantage les observations, à l’échelle communale, les résultats sont plus significatifs pour le Nord, et notamment la Métropole Européenne de Lille. En effet, les 37 premières villes du classement (sur 35 287 communes métropolitaines) sont situées sur le département du Nord et principalement sur la Métropole Européenne de Lille ; Neuville-en-Ferrain (59) étant la commune française ayant eu les concentrations moyennes en particules PM2.5 les plus élevées en 2021, avec 12.6µg/m3, soit au-dessus des moyennes régionales et départementales (10.2 et 10.5µg/m3).
Pourquoi la MEL présente-t-elle des concentrations plus élevées ?
Ces résultats pour la MEL peuvent s’expliquer par sa localisation géographique, au carrefour de l’Europe de l’ouest, et un tissu routier important. La forte densité de population (1754 hab/km² pour la MEL, contre 188 hab/km² pour la région et 105 hab/km² pour la France – Source INSEE population 2019) entraine aussi davantage d’activités et d’émissions de polluants.
Particules primaires, particules secondaires et import
Il faut ainsi s’intéresser aux types de particules et leur provenance : les particules primaires sont émises directement dans l’atmosphère par une source, alors que les particules secondaires sont formées à partir d’autres polluants en raison de transformations chimiques.
Sur la MEL, les particules primaires PM2.5 sont principalement émises par le secteur résidentiel (52%), en lien avec le chauffage au bois, et par le secteur des transports routiers (26%) (combustion de carburant, abrasion des freins, des pneumatiques et du revêtement routier ainsi que la remise en suspension liée au passage des véhicules). Le secteur industriel arrive à la 3ème place avec une part de 14% en lien avec la combustion.
Les particules secondaires se forment, majoritairement, à partir des oxydes d’azote (émis par le trafic routier en grande partie) et l’ammoniac, émis principalement par le secteur agricole. Ces particules secondaires sont présentes en quantité plus importante au printemps, provoquant régulièrement des épisodes de pollution.
Les particules primaires et secondaires peuvent également provenir d’autres régions et pays, via les masses d’air chargées en particules.